Le nombres impressionnant de fermes et de familles implantées dans le coin du Bas-Maine, nous prouve qu'une assez nombreuse population avait commencé de s'y rassembler au XIème siècle. Contrairement à leurs ancêtres païens, ces habitants de la commune évangélisés très tôt par des moines et des ermites devinrent des chrétiens animés d'une fois ardente. Ils éprouvèrent très tôt le besoin de créer une paroisse.

Sur la date de création et d'édification d'un sanctuaire, sur l'adoption du patronage de Saint Denis, on ne sait rien de précis. La première mention connue de la Paroisse est de 1126; celle où apparaît l'appellation complémentaires de « Gastines » date de l'an 1200. On s'explique qu'un certain moine dévot du premier évêque de Lutèce (Paris aujourd'hui) ait placé la nouvelle paroisse sous le vocable de ce Saint. « Gastines » se comprend moins, c'est le terme géographique qui désigne d'après le dictionnaire de l'Abbé ANGOT, un certain nombre de petits pays de l'ancienne France où la terre, particulièrement humide, marécageuse et stérile par suite d'imperméabilité du sous-sol, retient les eaux de pluie en surface. Des dictionnaires plus anciens donnent simplement au mot « Gastines » le sens de lande. D'après un autre auteur, Gastines vient du latin « Vastum » avec le suffixe « ina » soit « Vastina » et le sens en serait : lieu longtemps inhabilité et inculte. Le hameau de Gastines et de ses environs ne sont pas évidement de première qualité, mais ils sont loin d'être la caractéristique de la commune entière.

Saint Denis le Gast, dans la Manche, est un pays au sol fertile, sans zone marécageuse. Si Saint Denis dans le Bas-Maine est devenu Saint Denis de Gastines, c'est que Gastines fut la seigneurie sur le territoire de laquelle fut bâtie la sanctuaire.

Une famille de Chevaliers résidant à Gastines et en portant le nom, vivait à cette époque. Un de ces membres, Robert, donne l'église à l'Abbaye du Mont Saint Michel. Le premier prêtre connu, ayant administré la paroisse fut un religieux de ce monastère nommé Cosmes. En 1116 son fils confirma cette donation. Pour expliquer l'origine si peu connue de notre paroisse, Monsieur l'Abbé POINTEAU dans son ouvrage « Les croisés de la Mayenne en 1158 » fait un lien entre le nom de Gaudinus de Ruina et celui de Gastines; il dit en effet : Gaudinus de Ruina, croisé de la liste donné par le moine Jean de la Fustaye serait Gaudin des Ruines ou de la Ruine dit de Gastines. Pour cet historien, Ruines et Gastines sont synonymes. Gaudin serait donc un des membres d'une ancienne et illustre famille dont le manoir qui fut son berceau a laissé son nom au bourg de Saint Denis de Gastines. Cette noble famille dut s'éteindre de bonne heure, car on n'a pas retrouvé son nom dans aucun autre ouvrage.

L'existence de la paroisse fut confirmée à partir du pontificat de Nicolas Évêque du Mans 1214-1216

Au XII et XIIIème siècles, quelques dons faits aux abbayes, l'un par les seigneurs de Picaigne au profit de Savigny, l'autre par Michel de Saint Denis à la chapelle de la Sencive et un troisième par Juhel de Mayenne sur la terre de la Marchardière en Fontaine Daniel. Nous Retrouvons jusqu'à la révolution la survivance de ces libéralités envers les monastères et les paroisses.

Le terme de « paroisse » se confond avec celui de commune car le nom de commune ne sera adopté que beaucoup plus tard.

Aux XII et XIII siècles fut construite la partie centrale de l'église actuelle, abstraction faite de la chapelle Saint Étienne, d'un côté bas, du Chœur et des sacristies en abside, du portail de la tour, édifiés à des époques ultérieures.

De l'occupation anglaise au temps de Jeanne d'Arc et Ambroise de Loré, né sur la terre de Loré (en Oisseau), on ne connaît que peu de choses. D'après le dictionnaire de l'Abbé ANGOT, en janvier 1434, la paroisse prend des lettres de congé de la garnison anglaise de Mayenne; Des mêmes sources, nous connaissons la liste des curés de la paroisse à partir du 16ème siècle

Antoine du Vivier en 1528, Claude Dubois venus du diocèse de Paris et de Langres, entre 1530 et 1550, période au cours de laquelle fut bâtie la chapelle Saint Étienne dotée par Étienne Valais, prêtre, d'une maison au bourg et de plusieurs champs. Jean Tondu en 1550, Nicolas Provost et Jean Haton vers 1560, Gabriel Le Blanc en 1563, puis Messire Gilles de Froulay 1563-1584, Jean Mariette 1584-1591, Messire Jean de Mégaudais 1591-1597 et Thomas Cendrot 1597-1612.

Les différents curés eurent à exercer leur ministère pendant les années difficiles des guerres entre catholiques et protestants. L'un d'eux Gilles de Froulay, dut répondre à l'enquête prescrite par Henri III sur la religion des gentils-hommes. Au lieu de donner ou refuser de rédiger le texte suivant qu'il remit à son doyen pour le Cardinal de Rambouillet, Évêque du Mans et finalement la chancellerie royale :

« S'ensuivent les noms, surnoms, qualités et seigneuries des gentilshommes demeurant en la paroisse de Saint Denis de Gastines et y résidant en leur maison »

« Noble damoiselle Suzanne de Vieuville et ses enfants, veuve du défunts François le Porc, en son vivant seigneur du Bois-Béranger, la dite damoiselle et ses enfants demeurant au dit lieu »

« Noble Ambroise de Mégaudais, sieur du dit lieu de Launay et de la Benoistière y demeurant »

« Noble Jean de Mégaudais, seigneur des Loges y demeurant »

« Noble Pierre du Rocher, seigneur du dit lieu et du Bois, demeurant au Bois »

« Nous nobles Gilles de Froulay, prêtre, recteur de la dite paroisse de Saint Denis de Gastines, y résidant et demeurant au Presbytère, certifie les dessus dits gentilshommes de la dite paroisse et demeurant aux dits lieux »

Sous notre seing le 4 des Felvrier 1577

G. de FROULAY

 

Dans cette liste qui ne comporte personne de MONTFLEAUX, le seigneur de l'époque, André de Froulay étant sans doutes aux armées, il y avait croit-on, un huguenot, Pierre du Rocher. En s'abstenant de le dénoncer comme tel, Messire Gilles de Froullay contribua peut-être, par cet acte de bienveillance, à le convertir; en tous cas, les enfants de Pierre du Rocher furent catholiques.

Ainsi, dès la fin du XVème siècle, il n'y eut plus de protestants à Saint Denis. Les pasteurs de Vitré, venus faire du prosélytisme dans la région d'Ernée pour la religion prétendue réformée, la R.P.R comme on l'écrivait alors, préludant ainsi à une habitude d'abréviation aujourd'hui fort répandue, n'avaient eu qu'un maigre succès parmi les gentilshommes et aucun dans la bourgeoisie comme dans le peuple. Par contre, un noble de la paroisse, Guillaume Gougeon, Sieur des Picaignes, s'acquit une réputation de vaillant capitaine en guerroyant dans les rangs catholiques et se distingua en 1590 au combat de la Patrière en Courbeveille. Un autre enfant de Saint Denis, protégé de la Maréchale de la Vieuville, dont le mari commanda en Normandie contre les protestants et qui était peut-être la mère de la dame du Bois-Béranger citée plus haut par Gilles de Froullay, Jean Portais, cordelier au couvent de Laval, passa quarante années à contreverser avec les sinistres huguenots et à prêcher, non sans succès, aux Sables d'olonne, à Tours, à Poitiers, à Bordeaux. Il s'en fut même au Pays Bas convertir des protestants d'Anvers. Il devait avoir, un siècle et demi plus tard, un initiateur plus heureux encore et plus illustre que lui, en son arrière neveu, le Cardinal de Cheverus. Avec l'année 1612, commence le ministère du Curé Samson Fortin, ministère au cours duquel furent rédigés les premiers actes de catholicité relatifs aux paroissiens de Saint Denis de Gastines qui soient parvenus jusqu'à nous.

 

Source et article diffusé dans le bulletin municipal de Saint Denis de Gastines 1984

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